DE HENRI III. [i 588]                         3^5
remettre sur son cousin de Guy se et la Reine sa mere le gouvernement et conduite des affaires de son royaume, ne se voulant plus, empêcher que de prier Dieu et faire pénitence.
Quelques jours après, le Roy reçut de tous côtés avis qu'il y avoit conspiration contre sa personne. Le duc d'Espernon, par lettres, l'en assure; le duc du Mayne lui envoyé dire, par un gentilhomme, que l'exé­cution de son frere étoit proche; le duc d'Aumale en-. voye sa femme pour lui donner pareil avis. Là-dessus, le Roy se résout de faire mourir le duc de Guyse : sur quoy, ayant assemblé quelques-uns de ses plus confi-dens, il leur proposa sa résolution. Un ou deux voulu­rent lui conseiller l'emprisonnement, pour lui faire son procès ; mais tous les autres furent de contraire opinion, disans qu'en matiere de crime de leze-majesté il falloit que la punition précét le jugement. Cet avis fut suivi du Roy, qui dit : « Mettre le Guisard en prison seroit « tirer le sanglier aux filets, qui seroit peut-estre plus « puissant que nos cordes. Là, ou quand il sera tué, « il ne nous fera plus de peine;» et arrêta lui-même, avant que de sortir du conseil, de le faire tuer au souper que l'archevêque de Lyon lui donnoit et au cardinal, le dimanche avant saint Thomas; laquelle exécution, pour quelque avis qu'on lui donna, il différa au mer­credy suivant, jour de saint Thomas, lequel jour il fut encor conseillé de laisser passer.
Le jeudy 22, le duc de Guise se mettant à table pour diner, trouva sous sa serviette un billet dans lequel étoit écrit : Donnez-vous de garde; on est sur le point de vous jouer un mauvais tour. L'ayant lu, il écrivit au bas : On n'oseroit, et le rejetta sous la table. Ce jour
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